Nouvelles du front. (Hieronymus)

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Après avoir suivi ce que vous pensez être le factotum de la demeure, l'on vous prie d'entrer dans une vaste pièce d'un mouvement de la main. Vous entrez donc et apercevez au fond de la pièce un homme assis derrière un secrétaire, livres, plumes, encriers et papiers de toutes sortes y sont posés. Ses mains sont jointes et l'on devine à ses traits que la nouvelle que vous lui apportez en cette froide nuit ne va pas lui plaire. À ses côtés se tient un autre sieur, celui-ci, plus grand et bien plus impressionnant, au moins 6 pieds de haut. Vous pensez d'abord à un garde du corps du fait de la rapière à sa ceinture, mais finalement, le voyant se courbé pour annoncer votre présence à son maitre, vous le présumer être son conseiller. Vous regardez longuement ce 'conseiller', qui si sa place n'était pas la même aurait pu, par son allure et ses vêtements être le maître de la demeure. L'homme, vêtu seulement de noir et de blanc vous semble peu avenant. Ses cheveux sont aussi sombres que la nuit et seul deux petites mèches couvrent une partie de son front. Vous vous demandez d'ailleurs pourquoi les avoir laissées.

De votre place vous ne pouvez pas en voir plus, la pièce est sombre et la lumière des bougies n'éclaire pas assez le visage des messieurs. C'est alors qu'une faible voix se fait entendre, tendant l'oreille, vous pouvez comprendre ce qu'il est dit: "Avancez donc." Vous faites ce qu'on vous dit et avancez vers eux, en tenant fermement la lettre que vous deviez amener. Vous tremblez, vous avez un mauvais pressentiment et le comportement des deux hommes ne vous rassure pas. En effet, tout deux paraissent soudainement amusés par la situation. Finalement, l'homme à la rapière vous fait signe de lui donner la lettre et vous ne vous faites pas prier. Vous vous approchez donc encore plus près du secrétaire et vous pouvez maintenant voir clairement leurs visages. Vous ne prêtez toujours pas attention au premier, mais ce que vous voyez chez le deuxième vous effraie. Ses yeux sont blancs, oui blanc et ses pupilles minuscules, étonnant puisque la pièce n'est que faiblement éclairée.

Pendant que vous l'observez, le maître lit la nouvelle. Bizarrement, il semble encore plus amusé et ne tarde pas à en faire part à son conseiller. Celui-ci esquisse alors un bref sourire et s'empresse de rire. Ce qui vous laisse entrevoir sa dentition, ses canines sont anormalement grandes. Votre poux s'accélère, vous êtes terrorisé par ce que vous avez vu. Vous voulez-vous enfuir, mais vous ne pouvez pas. Le factotum est juste devant la porte et vous attends, votre manteau à la main. Vous êtes soulagé et après une tremblante révérence, vous sortez de la pièce, le visage en sueur. Vous êtes finalement devant la demeure, tremblant encore à l'idée d'y revenir un jour. Vous repartez donc, quelques pièces en poches -données brièvement avant de sortir- tout en vous faisant la promesse de ne plus jamais remettre les pieds ici.

[...]


Vous voilà dans une taverne, chope à la main, racontant à qui veut l'entendre votre aventure la nuit dernière. Les manants à vos côtés en restent bouche-bée et rare sont ceux qui vous croient réellement. En effet, peu de paysans ont rencontré de tels gens ! Mais, vous n'êtes même plus sûr d'avoir réellement vu ces yeux et ces canines extraordinaires, la bière coule à flot et vous perdez bien vite le fil de votre histoire. Finalement, un homme encapuchonné s'approche de vous, il s'assoit à votre table et découvre son visage. Vous faites tomber votre chope et votre visage devient aussi pâle que la peau d'un elfe. Oui, celui qui se tient devant vous n'est autre que le factotum de la demeure ! Votre peur n'était pas fondée, car cet homme est loin d'être méchant, il n'est venu ici que pour boire et bavarder tranquillement et lorsqu'il a entendu la discussion, il n'a pas put s'empêcher de s'y mêler. Il vous explique ensuite ainsi qu'à la petite assemblée qui s'est formée autour de vous ce qu'abrite réellement cette demeure. Ses paroles sont hésitantes et son regard perdu.

L'homme que vous aviez rencontré hier était en fait un hybride, mi-humain mi-vampire du nom de Hieronymus à la solde du maître des lieux. Ce sieur est froid comme la glace, jamais il ne m'a adresser un seul mot, disait-il. À ces paroles, vous frissonnez, ces canines et ces yeux étaient donc bien réels. Vous reprenez alors une gorgée de bière et laissez continuer le vieil homme parler.
Hieronymus n'est pas entièrement dévoué à son maître, oh non, il est fourbe et malin comme un renard, il se sert de lui pour mettre ses projets à exécution. Je l'ai déjà vu bavarder avec d'autres êtres tout aussi hypocrite que lui. J'ai même eu l'occasion d'assister à d'horribles agissements ! Cet homme tue sans hésitation, il n'hésitera d'ailleurs pas à me décapiter s'il vient à savoir que je vous ai parlé de lui. Mais, je ne crains pas pour ma vie, j'ai déjà bien vécu et je me dois de vous raconter tout ceci ! L'auditoire autour de vous est à la fois émerveillé, mais aussi effrayer par ce qu'on vous raconte là, vous ne tardez pas à les calmer et laissez la discussion continuée.

Les seules fois où je l'ai entendu parler, il m'a paru très poli et plutôt bien élevé pour un homme aussi malveillant. Mais ne vous y fiez pas, il martyrise par les mots et par les coups tous ceux qui ont l'audace de se mettre en travers de son chemin. Un conseil, ne croisez jamais sa route !

[...]

Vous continuez d'écouter le vieil homme avec autant d'attention que possible. Cette fois, après vous avoir parlé de son caractère et vous avoir mis en garde, il vous en apprend plus sur sa rapière et ses compétences à l'épée, histoire de vous faire un peu plus peur...

Spoiler:

[...]

La nuit est tombée et les bougies sont allumées. La bière coule toujours à flot et le tavernier vous réapprovisionne à chaque fois que votre chope est vide. Quelques gouttes du fameux liquide tombe d'ailleurs sur votre chemise, que vous vous empressez de frotter. Enfin, une tâche de plus ou de moins, ce n'est pas ça qui vous rendra plus charmant. Vous en auriez presque oublié le vieil homme, vous avez trop bu et l'auditoire qui s'était formé il y a quelques heures n'est maintenant composé que d'ivrogne affalés sur la table. Le sieur lui, continue son 'récit' ne se préoccupant pas le moins du monde des manants l'entourant.

Hieronymus n'est pas vraiment ce que l'on pourrait appeler un conseiller, il est plutôt le bras armé de monsieur. L'on m'a même raconté qu'il était autrefois mercenaire, ne travaillant que pour quelques pièces, ou bien un repas. Il agissait dans l'ombre de tous et parait-il, en aurait eu marre de ne point se faire connaitre. Même mon maître ne sait que peu de choses à son sujet. C'est un sang-mêlé, né du viol d'une humaine par un vampire et d'après les rumeurs, c'est à cause de cela qu'il n'a aucune dignité et aucune pitié. Il aurait une bonne dizaine de meurtres à son actif et bien sûr, tous mort par la lame de son épée. D'ailleurs, sa rapière n'est pas vraiment la sienne, lui-même raconte qu'il l'aurait arraché des mains d'un homme agonisant sur un champ de bataille. Ceci prouve bien qu'il n'a aucun honneur...

En outre, depuis quelques temps déjà, on le voit de moins en moins souvent à la demeure. Je le soupçonne de pratiquer un culte immonde, il se rend d'ailleurs assez souvent au fin fond de la forêt. Je ne pourrais vous dire pourquoi, mais sachez simplement qu'à son retour, ses vêtements sont souvent tâchés de sang et une odeur désagréable en émane.

Il a confié il y a peu de temps à mon maître que son départ était imminent. La venue de créatures malveillantes en ces terres serait pour lui une aubaine. Il projette apparemment de leurs offrir ses talents ainsi que sa vie. D'après lui, ce serait le meilleur moyen pour se faire connaitre et devenir riche. À supposer que ses projets s'arrêtent là bien sûr et croyez-moi, j'en doute fortement. Une lueur malsaine émane de ses yeux à chaque fois que l'on parle de la guerre. Serait-ce un fanatique ? Un homme ayant simplement pour but de tuer et de tuer encore ? Je n'en sais pas plus que vous malheureusement. De toute façon, il est certain que sa place dans la demeure va bientôt se libérer et je n'ose pas imaginer ce qu'il fera une fois son départ venu.

Vous vous êtes endormis, un filet de bave coule le long de votre bouche, vous êtes encore moins attirant qu'à l'accoutumée. Le factotum lui aussi imbibé d'alcool, se lance de son côté dans la description d'un duel qui a opposé Hieronymus à un jeune homme plutôt... courageux !

Ceci s'est déroulé il y a quelques mois, un éphèbe du village outré par la nature même de l'hybride s'était mis en tête de lui donner un 'aller simple pour le royaume des morts', mots pour mots. C'est donc armé d'une épée -volée chez le forgeron- que l'adolescent fit irruption dans la demeure, annonçant la mise à mort du demi vampire. Celui-ci dégaina bien vite sa rapière, amusé par la situation et par les paroles de l'arrivant. Jeune ou non, il était venu se battre et un duel ne se refuse pas. Le galopin se rendit vite compte de son erreur lorsqu'il fut désarmé, d'un seul revers ! Son adversaire trouvait cela plutôt fâcheux et une bonne correction ne se fit pas attendre. Il planta son arme dans l'omoplate du jeune homme qui était donc cloué au mur. Il lâcha d'ailleurs au passage un hurlement assourdissant. Un mince filet de sang coulait de sa blessure, l'hybride s'empressa de retirer l'épée et de la replanter à nouveau. Il fit ceci une dizaine de fois, ne se lassant pas d'écouter les braillements du garçon jusqu'à ce qu'enfin je me décide à l'arrêter. Je ne sais pas ce qu'il serait arrivé au jeune homme si je n'avais pas été là. Cet homme est un vrai monstre et je suppose que vous pensez de même maintenant.

Une bonne semaine s'est écoulée. Finalement le vieil homme a décidé de quitter son travail pour ne pas subir de représailles après tout ce qu'il vous a raconté. Vous êtes retourné régulièrement à la taverne, mais vous ne l'avez jamais recroisé. Quant à la demeure, elle n'est plus qu'un tas de cendres fumantes, aucun corps n'a été retrouvé dans les décombres. Ni le maître des lieux, ni l'hybride.

[Le reste se fera au fil des aventures...]