Depuis l'aube, Cathyssia n'avait cessé de progresser sur les chemins, chantant la plainte langoureuse de son chagrin profond pour que l'air le transporte partout. Elle s'était arrêtée un court moment à la mi-jour pour manger et c'était vite rendu compte que se serait son dernier repas avant un bon moment. Aucun village en ville et pas question de compter sur les talents de chasses qu'elle n'avait pas. À la nuit tombée, la température avait rapidement chuté et elle avait fini par s'égarer du supposé chemin. Pestant contre le Destin, elle s'arrêta plusieurs fois, s'obstinant à retrouver sa route même s'il était devenu évident depuis belle lurette qu'elle ne la retrouverait qu'au matin.
C'est dans cet état d'esprit qu'elle entreprit de monter un bivouac de fortune. Elle réussit même à faire un petit feu. Malheureusement, c'était sans compter la présence des loups qui rôdaient. Trois d'entre eux osèrent l'attaquer. En poignardant un, elle dût se débattre avec les deux autres. L'un d'eux la mordit sauvagement au bras, la secouant comme une poupée de chiffon. Elle réussit à lui crever un oeil en réprimant son dégoût puis donna un coup de pied dans le feu, envoyant des braises sur le troisième animal. Il faut croire que cela découragea les bêtes, car ils s'éloignèrent après quelques grondements supplémentaires. Souffrant de la morsure, Cathyssia s'éloigna encore et encore pendant une heure avant trouver un nouvel abri plus loin. Elle s'appliqua à chanter son chant de guérison, mais la douleur était si forte qu'elle ne parvenait pas à se concentrer. C'est avec dépit qu'elle abandonna, préférant attendre au lendemain.
Cathy allait sombrer dans le sommeil lorsqu'un bruit de craquement la réveilla. Elle saisit sa dague en grimaçant de douleur lorsqu'elle roula sur elle-même pour se retrouver sur le ventre. Il y avait une autre là-bas. Fermant les yeux, elle inspira profondément puis rouvrit les paupières. Sa vibration n'avait rien de menaçant. Tout en surveillant ses énergies, elle se leva lentement. Il n'y avait toujours rien d'agressif, même s'il l'avait vu puisqu'il lui avait fait signe.
Cathyssia rassembla ses maigres effets et s'approcha doucement, son visage sous le couvert de son capuchon. Elle salua l'ombre d'un signe de tête.
- Vous parlez ma langue? demanda-t-elle d'une voix douce.
Cathyssia retira lentement son capuchon, révélant son visage de porcelaine. Sa présence avait un quelque chose de magie, quelque chose de... céleste. Ses yeux étaient d'un turquoise pur qui reflétait la lueur de la lune. Elle fronça les sourcils et baissa les yeux. Son sang gouttait doucement sur le sol. Elle resserra sa manche autour de la plaie, gênée. Le vent souffla et libéra quelques mèches soyeuses de sa chevelure chocolaté qui ondulait capricieusement.